Sarcelles : lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans le sport

Patrick Haddad, maire de la Ville de Sarcelles et Chantal Ahounou, adjointe au maire chargée de la démocratie locale, de la vie des quartiers, de la lutte contre les discriminations, de la laïcité et des droits des femmes présentent l'engagement et les actions de Sarcelles pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans le sport.

Pourquoi la Ville a-t-elle choisi de s’engager dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans le sport ?

Patrick Haddad (PH) et Chantal Ahounou (CA) : Nous avons été en contact avec quatre jeunes sportives (tennis) qui en tant que victimes s'étaient constituées en association pour se défendre. Après la condamnation de leur entraîneur-violeur à 18 ans de prison, elles ont souhaité mettre leur résilience à destination des jeunes sportifs et sportives de la ville et ont créé l’association Rebond. Le cabinet a décidé de prendre cette problématique à bras le corps car Sarcelles est une ville jeune où le sport est un facteur de sérénité. Protéger les jeunes sportifs et sportives s'entendait de fait.

Comment la Ville a-t-elle communiqué cet engagement ?

PH et CA : Le 16 février [2022 - ndlr] a été organisé une demie journée d'échanges avec les institutionnels, la presse, les cadres sportifs pour lancer l'affiche « Repérer, alerter, protéger ». La même semaine des capsules vidéos/témoignages ont été mise à la disposition du public, sur la chaîne Twitch et les réseaux sociaux de la Ville. Ensuite, une déclinaison a été planifiée sur des manifestations et des sessions de sensibilisation.

Affiche campagne Sarcelles "Repérer, alerter, protéger"

Quelles actions ont été réalisées pour sensibiliser les jeunes et les professionnel·les de la Ville à ces violences ?

PH et CA : Pour le public, nous avons organisé avec l'école municipale de foot une session intitulée « Échanges » qui s'est tenue au gymnase Saint-Exupéry, avec un parcours d’approche sur des ateliers actifs des jeunes avec les membres de l'association (futsal, basket, tennis, musculation, handball) pour créer du lien. Puis, une intervention sous forme d’échanges assis en demi-cercle dans une ambiance sereine a permis de répondre aux questions des jeunes pour valoriser le message de sensibilisation en douceur. Cela a été l’occasion de dévoiler l'affiche de la campagne devant les représentants [et représentantes – ndlr] des services, la presse, les élu·es et les éducateur sportifs [et les éducatrices sportives – ndlr]. Le 19 avril, une projection en salle du film Service volé de Jérôme Foulon a été proposée aux habitant·es.

Pour les professionnel·les, le 19 mars [2022 – ndlr], 14 encadrant·es (enfance, sport) ont suivi une journée de sensibilisation aux violences sexuelles sur mineur·es animée par l’association Du Côté Des Femmes. Le 19 mai, la police municipale et membres du CLSPDR ont assisté à une formation pour « accueillir et auditionner les victimes de violences ». Prochainement, une formation sera dispensée par l’association Rebond auprès des clubs sportifs.

Enfin, nous avons lancé le 20 mai une adresse mail dédiée sur la Ville pour les victimes et les témoins de violences sexuelles : signalement.violences.sexuelles@sarcelles.fr.
L’ensemble du budget alloué à ces actions de formations, au conventionnement avec l’association Rebond et à la campagne de sensibilisation est de 15 000 € pour l’année.

Quel bilan pouvez-vous faire de ces premières actions et envisagez-vous de poursuivre ces actions ?

PH et CA : Les premières actions ont reçu un bon accueil de la communauté éducative sportive et des jeunes [pratiquant·es très réceptifs et réceptives – ndlr] à l'abord de cette thématique compliquée ; le retour sur les témoignages tient plus de la sidération et a permis l'ouverture d'un questionnement plus simple sur le sujet.

Dorénavant, les services identifient sur la Ville un réseau de référent·es et nous travaillons en transversalité pour intégrer le sujet à des événements sportifs d’envergure : forum des associations, grands événements sportifs du calendrier. Les collègues sont en demande de formations pour appréhender une nouvelle manière de pratiquer l'accompagnement des jeunes et de savoir déceler et orienter.

Le sport sarcellois a tout à y gagner.