A partir de sa propre histoire, l’auteure du roman interroge avec une énergie singulière la situation de nombreux jeunes apatrides, tiraillés entre deux cultures, deux territoires, deux avenirs. Mariama, l’héroïne, née en France de parents sénégalais, voit sans cesses ses aspirations déçues et butte sur l’image qu’on lui renvoie d’elle-même, celle d’une femme noire qui, dans la sphère familiale, doit se conformer à des traditions qui la révulsent, et dans la sphère professionnelle n’est jamais considérée comme crédible.
Ce roman aborde des sujets brûlants : excision, racisme, sexisme, autant d’enjeux auxquels l’héroïne se heurte quotidiennement, dans les trois continents entre lesquels elle partage sa vie. De la France au Canada en passant par le Sénégal, l’auteure y reconstitue de petites saynètes figurant des attitudes, reconstituant des discours qui, mis bout à bout, constituent le monde de discriminations qui étouffe Mariama. Au cœur du récit, l’auteure revient sur une expérience douloureuse, au cœur de la fragmentation de son identité de femme : l’excision, vécue comme un premier traumatisme physique. Mais les difficultés qu’elle rencontre pour s’affirmer en tant que femme vont bien au-delà de cette perte de contrôle sur son corps. Plus largement, c’est l’ensemble de sa vie, sociale et sentimentale, qu’elle ne peut maîtriser qu’au prix d’un combat constant contre tous ceux qui tendent à lui indiquer les normes de comportement auxquelles on attend qu’elle se soumette.