Alors que 68 % de l’effectif salarié du champ de l’économie sociale et solidaire est composé de femmes, l’ESS n’est pas épargnée par les inégalités femmes-hommes qui existent dans les autres champs de l’économie : ségrégation des métiers, plafond de verre, inégalités salariales, temps partiels subis. Au-delà de ces constats connus dans l’emploi salarié, quelle est la place des femmes dans les milieux bénévoles et l’accès aux responsabilités associatives ? On peut supposer que le monde associatif et notamment le bénévolat ne sont pas exempts des mécanismes de genre présents dans le reste de la société et qu’on retrouve ainsi dans l’engagement bénévole des situations semblables aux constats dressés dans le monde salarié. Peu de données sont disponibles sur le sujet. Cette note propose d’analyser le bénévolat à l’aune du genre en nous appuyant sur les données issues de l’enquête conçue et dirigée en 2017 par Lionel Prouteau du Laboratoire d’économie et de management de Nantes Atlantique (LEMNA), réalisée par l’institut de sondage CSA pour le compte du Centre de recherche sur les associations (CRA). Les résultats de cette enquête sont présentés dans un rapport de recherche intitulé « Bénévolat et bénévoles en France en 2017. État des lieux et tendances »1. Cette enquête concerne la population de France métropolitaine de 18 ans et plus et offre l’opportunité de recueillir des données sexo-spécifiques permettant d’analyser les profils et les pratiques des bénévoles femmes et hommes. Une exploitation particulière de ces données sexo-spécifiques a été réalisée pour les besoins de cette étude.Comme le montre l’enquête CRA-CSA, la population bénévole en France est paritaire, regroupant 50 % de femmes et 50 % d’hommes. Mais la part des femmes dans la population totale étant supérieure à celle des hommes, cette parité traduit en réalité un niveau d’engagement légèrement différent entre femmes et hommes : 42 % des premières ont déclaré avoir pratiqué des activités bénévoles au cours de l’année précédant l’enquête tandis que c’est le cas de 45 % des seconds. Quels sont les profils de ces femmes et de ces hommes ? Partagent-ils les mêmes types d’engagement ? Leur niveau d’engagement est-il comparable ?Enfin, dans un contexte général d’augmentation du nombre de bénévoles et du nombre d’associations, en quoi l’engagement des femmes peut-il être un levier de transformation et de renforcement du bénévolat français ? Cette note propose de répondre à ces questions et d’analyser en quoi le genre peut être une variable de différentiation de l’engagement bénévole. Comme nous le verrons, même si les femmes et les hommes bénévoles ont des profils socio-démographiques globalement similaires (partie 1), leurs types d’engagement diffèrent sous plusieurs aspects, en particulier dans le choix des secteurs investis (partie 2) et dans les formes d’engagement (partie 3) ; enfin on observe également une moindre présence des femmes parmi les responsables associatifs élus (partie 4), qui relève au moins en partie des contraintes spécifiques auxquelles elles sont soumises (partie 5).