Elle et l’infini est écrite pour deux comédiennes et un comédien-guitariste. Toutes les “ficelles” sont montrées : l’actrice est désignée pour incarner un personnage, les changements de costumes sont à vue, l’écriture hésite, se rature… La pièce se construit peu à peu sous les yeux des spectateur·trice·s. Comme un raisonnement mathématique en cours d’élaboration. Les différentes séquences sont apposées de façon hétérogène : les époques se succèdent sans chronologie, les couleurs et tonalités s’entrechoquent. Au premier abord, on peut dégager un fil conducteur qui serait la biographie d’une mathématicienne imaginaire, concrétion de nombreuses mathématiciennes historiques et contemporaines. Cette lecture militante s’appuierait sur la dénonciation de l’invisibilisation
des femmes scientifiques. Mais finalement, de quoi parle-t- on ? De la vocation. D’une femme qui s’engage dans sa passion et qui reste incomprise. Au-delà des clichés scolaires sur les sciences, nous cherchons à décrire cet appétit de la connaissance, et la joie qui en découle. Le « gai savoir ». En croisant les destins de ces mathématiciennes, nous avons également constaté que cette exaltation était vitale et émancipatrice. C’est peut-être ce que nous partageons avec les mathématicien·ne·s ? On parle aussi, en creux, du théâtre : qu’est-ce que raconter une histoire ? comment elle se construit ? quel rapport au public ? Oui, le public : quel est son rôle ? Un des enjeux de l’écriture se trouve là : questionner la place du spectateur dans cette construction narrative qu’est la représentation théâtrale.