"Le 8 mars 2016, pour la Journée internationale des droits des femmes, l'humoriste Jean-Marie Bigard, auteur d'un célèbre sketch sur le « lâcher de salopes », se produisait à Marseille en clôture du « Festi'femmes », organisé par une ancienne adjointe à la culture de la ville. Que penser du fait que ce genre d'événement soit si souvent porté par des femmes - blanches et bourgeoises, proches des notables ? Est-ce un hasard si cela se passe dans la grande ville qui compte le plus de pauvres en France ?
"Le 8 mars 2016, pour la Journée internationale des droits des femmes, l'humoriste Jean-Marie Bigard, auteur d'un célèbre sketch sur le « lâcher de salopes », se produisait à Marseille en clôture du « Festi'femmes », organisé par une ancienne adjointe à la culture de la ville. Que penser du fait que ce genre d'événement soit si souvent porté par des femmes - blanches et bourgeoises, proches des notables ? Est-ce un hasard si cela se passe dans la grande ville qui compte le plus de pauvres en France ?
Enquête sur le sexisme et l'exploitation, ce numéro de Z est aussi une réflexion sur la façon dont les femmes sont dépossédées de leurs savoirs et de leurs corps par le croisement de logiques patriarcales et marchandes. Dépossession des savoirs, manifestée de façon criante par l'histoire de la dévalorisation des sages-femmes, des chasses aux sorcières du XVIIe siècle aux mobilisations actuelles de la profession. Dépossession des corps : on verra ainsi comment les parcours de procréation médicalement assistée, dont les taux de réussite plafonnent autour de 30%, réduisent les femmes au rang d'utérus de laboratoire ou comment la pilule contraceptive affecte massivement la libido des femmes. Face à l'exploitation et au mépris, comment construire de la solidarité et de l'autonomie - viser, non pas tant le pouvoir individuel des working girls que la possibilité d'une puissance collective ? À Marseille, les protagonistes de ce numéro créent des espaces de lutte et d'entraide : poussent les portes du planning familial pour suivre un stage d'autodéfense, organisent des marches de nuit entre femmes ou revendiquent la nécessité d'espaces exclusivement féminins et transgenre.