Le collectif pour les droits humains souhaite l'adoption d'un terme qui inclurait enfin inclure pleinement les femmes dans l’humanité. Pour cela, il est important que la République française romp avec une expression issue d’une vision idéalisée de la Déclaration de 1789. Ses voisins l’ont déjà fait. Pourtant, les institutions françaises continuent d’utiliser l’expression «droits de l’homme» pour désigner les droits humains. Loin de s’imposer à la langue comme une évidence, l’emploi de cette formule résulte en effet d’une série de choix contestables.D’abord, elle est historiquement impropre.
Le collectif pour les droits humains souhaite l'adoption d'un terme qui inclurait enfin inclure pleinement les femmes dans l’humanité. Pour cela, il est important que la République française romp avec une expression issue d’une vision idéalisée de la Déclaration de 1789. Ses voisins l’ont déjà fait. Pourtant, les institutions françaises continuent d’utiliser l’expression «droits de l’homme» pour désigner les droits humains. Loin de s’imposer à la langue comme une évidence, l’emploi de cette formule résulte en effet d’une série de choix contestables.D’abord, elle est historiquement impropre. Les droits fondamentaux qu’elle désigne ne sont pas ceux qu’énonce la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 mais ceux qui figurent dans la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) de 1948. En particulier, la Déclaration de 1789 ne s’appliquait pas aux femmes : dans ce document, le terme «homme» a été retenu non pas en raison de sa valeur générique supposée mais spécifiquement pour désigner les personnes de genre masculin à l’exclusion des personnes de genre féminin. Au contraire, la déclaration de 1948 érige dès son préambule la protection contre la discrimination de genre au rang de droit universel. La confusion entre les deux déclarations entretenue par l’emploi d’une expression identique minimise donc l’importance du droit énoncé en 1948, pourtant essentiel à l’universalité de la DUDH puisqu’il assure l’inclusion des femmes au sein de l’humanité. Ensuite, aucun principe linguistique ne justifie d’accorder en français une valeur générique aux formes masculines pour désigner les membres de l’espèce humaine. Ce privilège a en réalité été progressivement imposé à partir du XVIIe siècle et constitue une exception à ce que l’Institut national de la langue française appelle «une tendance massive et indo-européenne : le genre, pour les animés humains, suit globalement le sexe». C’est une logique politique qui motive ce choix linguistique : Benoîte Groult souligne ainsi que pour les noms de métiers, «l’acceptation des formes féminines est inversement proportionnelle au prestige de la profession». Les résistances autour de la modification de l’expression «droits de l’homme» s’expliquent aussi par le désir de conserver au seul genre masculin le prestige de la valeur générique.Car, pour finir, cette expression obscurcit la vérité simple que le féminisme est un humanisme. Elle délégitime les luttes féministes, qu’elle désigne en creux comme des revendications catégorielles portées par un groupe d’intérêt particulier. Or, la lutte pour les droits des femmes n’est rien d’autre qu’une lutte pour les droits humains ; le mouvement féministe ne réclame pas un traitement préférentiel pour les femmes mais, au contraire, l’égalité entre tous les êtres humains, c’est-à-dire, l’abolition des privilèges masculins.
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Comment accéder à la ressource ?
le site du collectif :
http://droitshumains.fr/
la pétition :
https://www.change.org/p/gouvernement-fran%C3%A7ais-rempla%C3%A7ons-droits-de-l-homme-par-droits-humains
la tribune parue dans Libération le 13 juillet 2015
http://www.liberation.fr/societe/2015/07/13/remplacons-droits-de-l-homme-par-droits-humains_1347376
http://droitshumains.fr/2015/06/25/compte-rendu-de-la-conference-du-21-mai-2015/