Antony, formation des élu·es aux politiques locales d’égalité femmes-hommes

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Stéphanie Schlienger, 7e maire adjointe chargée de la petite enfance, de l'accueil dans les services publics et de l'égalité entre les femmes et les hommes, et Patrick Reynier, conseiller municipal délégué au sport font le bilan de la formation des élu·es sur les enjeux relatifs à l’égalité femmes-hommes dans les politiques publiques animée par le Centre Hubertine Auclert.

Quel est l’engagement de la ville d’Antony pour l’égalité entre les femmes et les hommes ?

Stéphanie Schlienger (SS) : Une délégation dédiée à l’égalité entre les femmes et les hommes a été créée à Antony en 2020. Notre engagement se décline depuis autour de 3 axes :

  • La politique de ressources humaines en matière d’égalité,
  • Les actions menées au sein de nos politiques publiques,
  • La lutte contre les violences faites aux femmes.

C’est un engagement à 360° en cela qu’il implique et concerne tous les services de la Ville, et tous ses publics. Chaque service prend sa part pour tendre a davantage d’égalité. À ce titre, le logo et slogan dédié « Égalité F/H> Antony agit » signe nos actions au sein de nos supports de communication.

logo antony égalitéIl s’agit de veiller à ce que nos offres de services à destination des femmes et des hommes soient équilibrées en termes de quantité, d’intérêt, de budget. Notre service culturel veille par exemple à ce que les artistes exposé·es soient tout autant des femmes que des hommes, nos services jeunesse et sport régulent leurs offres de séjours, d’activités, de stages etc.

Une autre partie de nos actions vise à sensibiliser le public sur ces problématiques et à favoriser le changement des mentalités. Cela peut se traduire par exemple par des propositions d’animations sur l’égalité avec des accueils de classes au sein de nos médiathèques ou via des prêts de malles pédagogiques. La formation de notre personnel petite enfance pour lutter contre les stéréotypes sexistes dès le plus jeune âge en est un autre exemple. Notre service éducation travaille de concert avec l’ensemble des établissements scolaires afin qu’ils se saisissent de nos ressources en matière d’égalité (prêt d’exposition, mise à disposition de salle pour des projets d’établissement, etc.). Notre service jeunesse est un formidable relais des propositions du Centre Hubertine Auclert comme le concours de création de podcast sur l’égalité, la mise en place d’expositions.

La Ville s’engage également par des actions spécifiques fortes à l’occasion des journées internationales comme celle du 8 mars en faveur des droits des femmes, le 25 novembre pour la lutte contre les violences faites aux femmes ou pour le 28 mai, journée de l’hygiène menstruelle. Cette mise en lumière à un instant T s’effectue parallèlement à un travail de fond au quotidien, pas forcément visible du public. C’est le cas du CCAS de la Ville qui travaille tout au long de l’année avec l’ensemble des acteurs et actrices de la lutte contre les violences faites aux femmes, ce qui lui permet notamment de mettre en exergue certaines difficultés administratives dans les parcours de victimes et d’y remédier.

Notre engagement se traduit également dans l’accompagnement des changements sociétaux et des questionnements de nos citoyen·nes. À l’occasion des 1 an de l’allongement du congé paternité j’ai proposé l’événement « Place du Père » mettant en avant des exemples de paternité active. Faire changer le regard de la société sur la parentalité en ne le faisant pas porter uniquement sur la mère mais également sur le père est un enjeu d’égalité. Notre engagement s’est ainsi d’initier, d’oser.

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Dessin de Mai-Lan, facilitatrice graphique pour la ville d’Antony, réalisé au cours de la formation animée par le Centre Hubertine Auclert, 2021

 

Pourquoi avoir choisi de former les élu·es du bureau municipal sur les enjeux relatifs aux politiques locales d’égalité ? Comment s’est déroulée cette formation ?

SS : Dans le cadre de l’engagement de la Ville pour l’égalité femmes-hommes, il m’a semblé évident de sensibiliser l’ensemble du bureau municipal et de partager les bases d’une culture commune de l’égalité. Afin que les enjeux relatifs à l’égalité soient pris en considération dans les pratiques de tous, il convient avant d’agir de comprendre ces inégalités, de les repérer et d’identifier les moyens de les corriger. J’ai contacté le Centre Hubertine Auclert suite à notre adhésion à l’association. La crise sanitaire a un peu retardé nos projets ; nous avons pu proposer cette formation de 2h30 en soirée le 30 juin 2021 pour laquelle nous avons choisi le format en visioconférence afin de toucher le plus grand nombre d’élu·es. La formation a été financée sur le budget des ressources humaines de la ville.

Près de 20 élu·es étaient présent·es à la formation, soit environ la moitié du bureau municipal, ce qui est une bonne proportion en sachant que c’est un exercice compliqué de réunir toute l’équipe en même temps en fonction des contraintes de chacun·e. Nous avions aussi convié le directeur général des services et les DGA.

La formation s’est déroulée en plusieurs temps participatifs. En introduction, le Centre Hubertine Auclert est revenu sur les concepts liés aux questions femmes-hommes, puis à l’aide d’un quiz a abordé plusieurs thématiques pour prendre conscience que les inégalités entre les femmes et les hommes sont visibles dans toutes les politiques publiques. Le cadre légal a été rappelé, suivi d’un temps sur la communication égalitaire, et la formation s’est terminée avec une présentation de quelques ressources pour les élu·es. J’ai aussi fait appel à Mai-Lan, facilitatrice graphique pour illustrer les débats.

Il n’y a pas eu d’opposition lors des échanges. Le format participatif et ludique de la formation a permis à chacun·e de s’exprimer, de réagir.

Plus d’un an après cette formation, y a-t-il eu une prise de conscience de l’importance pour les élu·es de travailler cette question en transversalité ?

Quels retours avez-vous pu avoir de la part des élu·es présent·es et cela a-t-il permis de faire émerger des projets sur la ville ?

SS : En premier lieu, cette formation a permis de confirmer la confiance de mes collègues en ma délégation. Au-delà de la sensibilisation et de la prise de conscience, cela facilite les relations avec les services et la conduite de projet, même si les élu·es de chaque délégation ne sont pas forcément disponibles, je peux avancer des projets en direct comme c’est le cas par exemple sur la jeunesse et la culture.

Stéphanie Schlienger (SS) et Patrick Reynier (PR) : Sur la délégation du sport, cela nous a permis de mener conjointement de nouveaux projets. D’abord, nous avons pris conscience de la nécessité de creuser les statistiques sur l’égalité dans le sport pour le rapport égalité annuel afin de faire émerger des axes de travail. Nous avons par exemple constaté qu’au sein de l’école municipale des sports, si les pratiques sportives des filles et des garçons sur les cycles élémentaires étaient équilibrées, c’était moins évident pour les sports de vacances. Sur la question du recrutement, particulièrement des éducateurs sportifs, les femmes sont très peu représentées dans les candidatures aux postes. Malgré tout, même si nous accordons une vigilance à ces données, sur le terrain les choses bougent lentement.

Nous avons choisi plus particulièrement de travailler sur l’axe des violences sexistes et sexuelles et du bizutage au sein des clubs sportifs et des fédérations. La rentrée sportive nous a ainsi permis via le forum des associations de la Ville, de sensibiliser l’ensemble des présidents et dirigeants de clubs à ces sujets. Nous avions, à cette occasion, invité·e un représentant de l’association Colosses aux pieds d’argile. Ensuite, une formation des encadrant·es et des responsables de clubs a été mise en place afin de leur permettre de développer des actions au sein de leur structure contre les violences sexuelles et le bizutage. Dans une optique de continuité, nous avons le souhait d’inviter l’association Colosses aux pieds d’argile lors de chaque animation commune des clubs sportifs. Par ailleurs, nous souhaitons mettre en place des clauses optionnelles (sans pour autant conditionner ou sanctionner, pour le moment) dans les demandes de subventions sportives sur cette thématique. Plus globalement, cela a permis de créer une dynamique favorable et une veille constante sur la thématique dans les projets entrepris sur le sport.

 

Avez-vous d’autres projets de formation sur la ville d’Antony et quels sont les objectifs ?

SS : Initialement, je souhaitais que la formation de 2021 soit mixte, avec les élu·es et les équipes de direction, mais cela était trop compliqué en termes d’organisation et de calendrier. Nous avons donc à nouveau sollicité le Centre Hubertine Auclert pour une formation à destination du comité de direction (CODIR). Celle-ci a eu lieu le 1er décembre 2022, en visioconférence durant trois heures.

Les objectifs de cette deuxième session ont été surtout de progresser vers une culture commune de l’égalité, de mettre les élu·es et les services au même niveau de sensibilisation sur les politiques locales d’égalité entre les femmes et les hommes, et de permettre d’insuffler de nouveaux projets. J’espère qu’à terme, les engagements politiques réels de la Ville sur ce thème puisse également être un atout de notre « marque employeur ».

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Dessin de Mai-Lan, facilitatrice graphique pour la ville d’Antony, 2021